Le projet de construction d'un nouveau casino à Rimouski, attendu dans les 18 mois à venir, entraîne des réactions intenses au sein de la communauté. Avec un investissement annoncé de 15 millions de dollars par Loto-Québec pour établir un salon de jeux au sein de l'Hôtel Rimouski, ce développement est perçu par certains comme une opportunité de revitalisation économique. Cependant, d'autres s'inquiètent des répercussions sociales et économiques que pourrait engendrer ce projet pour les habitants.

Des experts en économie régionale soulignent que l'implantation de ce casino pourrait apporter des retombées financières considérables en attirant des touristes et en favorisant la création d'emplois. Néanmoins, le Dr Sylvain Leduc, directeur de santé publique du Bas-Saint-Laurent, exprime des réserves concernant les effets nocifs que pourrait avoir un tel projet sur un quartier déjà fragilisé. « Il est essentiel de se demander qui fréquentera ces établissements, surtout en milieu de semaine », a-t-il déclaré, mettant en exergue le taux de chômage qui dépasse les 15 % dans le secteur, attirant l'attention sur la précarité de nombreux résidents.

La localisation du casino, prévue dans un quartier où la majorité des ménages a un revenu brut inférieur à 60 000 $, soulève des interrogations sur l'accessibilité aux jeux et les risques d'addiction qui existent déjà sur place, exacerbés par l'arrivée d'un casino. Les préoccupations exprimées par les autorités en matière de santé publique doivent donc être prises au sérieux, notamment dans une région où la population est déjà en contact avec des machines à sous dans les bars locaux.

Le Dr Leduc recommande une limitation des appareils de jeu dans les bars environnants, une mesure qui pourrait contribuer à réduire les risques liés à l'addiction. Il insiste sur le fait que l'ouverture d'un casino doit s'accompagner d'une campagne de prévention solide pour protéger les joueurs à risque. « Nous ne pouvons ignorer la réalité des addictions, surtout dans une communauté déjà affectée par la précarité. »

En dépit des craintes exprimées, Loto-Québec reste optimiste quant aux mesures de prévention qu'elle envisage de mettre en place pour encadrer le jeu. La société d'État affirme que le personnel sera formé pour surveiller les activités de jeu et intervenir rapidement en cas de comportements problématiques. « Les casinos sont généralement mieux réglementés que les établissements proposant des jeux d'argent sans surveillance adéquate », soutient Renaud Dugas, porte-parole de Loto-Québec, soulignant les efforts prévus pour retirer les machines à sous des établissements jugés problématiques.

Du côté de la municipalité, le maire Guy Caron soutient le projet, invoquant un potentiel d'augmentation des dépenses touristiques estimées à 1,5 million de dollars par an. Dans ce cadre, les autorités locales semblent prêtes à faire confiance à Loto-Québec pour gérer les risques associés aux problèmes d'addiction au jeu.

Les promesses de prospérité économique liées à l'ouverture du casino à Rimouski soulèvent néanmoins un débat éthique important : à quel prix pour la communauté ? Les bénéfices économiques peuvent-ils vraiment justifier les risques potentiels d'addiction et de précarité ? Ce dilemme complexe se trouve au cœur des discussions entourant la création du casino.

En somme, le projet de casino à Rimouski met en lumière des questions délicates qui méritent une attention approfondie. Entre les promesses d'un nouvel élan économique et les préoccupations pour la santé publique, il est essentiel d'établir un dialogue constructif entre la population, les autorités locales et Loto-Québec afin de garantir que l'implantation du casino se fasse dans un cadre respectueux qui minimise les risques pour les citoyens.

À mesure que la construction du salon de jeux avance, il sera primordial de suivre de près l'évolution des discussions et des mesures envisagées. Les enjeux liés au casino à Rimouski ne se limitent pas à des considérations économiques ; ils soulèvent également des responsabilités collectives en matière de protection des citoyens contre les dangers associés au jeu.

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.