La Fédération Addiction exprime sa surprise face au dépôt, sans concertation, d'un amendement au projet de loi de finances 2025 visant à légaliser les casinos en ligne. Alors que le nombre de joueurs problématiques est déjà en augmentation, cette réforme d’une ampleur considérable ne saurait être adoptée à la va-vite. Il est impératif d'initier une concertation sérieuse et approfondie avec les acteurs des addictions pour analyser les nombreuses dimensions et implications de cette législation. Le débat sur les conséquences sanitaires et sociales, qui pourrait découler d’une telle réforme, doit être mené avec rigueur et clarté. Le paysage des jeux d'argent évolue rapidement, et la Fédération appelle le gouvernement à retirer cet amendement, qu’elle juge irresponsable et contraire aux priorités de santé publique, et à ouvrir enfin une discussion transparente sur la régulation des jeux d’argent, pour garantir la sécurité des joueurs et protéger les plus vulnérables d’entre eux.
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La Fédération Addiction, premier réseau des acteurs de la prévention et du traitement des addictions en France, exprime sa surprise face au dépôt par le gouvernement d’un amendement au projet de loi de finances 2025 (PLF) visant à légaliser les casinos en ligne. Cette réforme du marché des jeux d’argent et de hasard risque d’entraîner des risques accrus de jeu problématique et d’addictions pour des millions de personnes, et des familles. Une telle mesure, qui aurait des répercussions sur la vie de tant de concitoyens, ne saurait être adoptée à la va-vite, par voie d’amendement, sans concertation préalable avec les professionnels de l’addictologie. Cette précipitation ne peut qu’éveiller l’inquiétude, et il est essentiel de poser d’importantes questions de santé publique en lien avec cette législation.
Les jeux d’argent : un marché en plein essor… et de nombreuses personnes en difficulté
Depuis sa libéralisation, le marché des jeux d’argent et de hasard ne cesse de croître en France, atteignant un nouveau record en 2023 avec un chiffre d’affaires de 13,4 milliards d’euros. Parallèlement, le nombre de personnes en difficulté explose : en 2019, 1,4 million de Français étaient déjà à risque de jeu excessif, dont près de 400 000 souffraient de troubles de jeu pathologique. Ce phénomène alarmant appelle à une vigilance accrue. Face à ces chiffres, toute nouvelle dérégulation du secteur devrait faire l’objet d’un examen attentif afin d’en déterminer les risques pour la santé, notamment pour les populations les plus fragiles qui peuvent être plus facilement entraînées dans l'engrenage de l'addiction.
Catherine Delorme, présidente de la Fédération Addiction :
« Légaliser les casinos en ligne, par un simple amendement n’est pas un procédé acceptable aux regards des enjeux. D’autant plus que les casinos en ligne cumulent tous les facteurs de risque d’addiction (fréquence élevée des mises, rapidité du résultat, prises de risque solitaires, continues et rapides…) : une telle mesure nécessite un débat démocratique, incluant l’ensemble des parties prenantes. Le dialogue doit être ouvert et constructif pour identifier précisément les dangers que cette législation pourrait engendrer, tout en envisageant des solutions protectrices pour les joueurs. »
Pour une vraie politique de santé vis-à-vis des jeux d’argent et de hasard
Après la libéralisation sans concertation des jeux à objet numérique, le gouvernement entend donc légaliser les casinos en ligne sans étude d’impact et sans concertation avec les professionnels de l’addictologie. Ceux-ci sont pourtant en première ligne pour prévenir et traiter les conséquences des addictions aux jeux d’argent. Leur expertise, fondée sur des années de recherche et de pratique, est indispensable pour évaluer l’impact d’une telle réforme et anticiper les dérives potentielles. Ne pas tenir compte de ces acteurs est non seulement irresponsable mais montre également un manque de considération pour les questions de santé qui touchent tant de vies.
Le dépôt de cet amendement, qui intervient alors même que l’Autorité nationale des jeux vient de lancer une campagne de prévention sur les casinos en ligne, interroge sur les priorités politiques du gouvernement : les intérêts économiques semblent une nouvelle fois primer sur les questions de santé. La recherche d’un équilibre entre le développement économique du secteur et la protection des citoyens doit être une priorité absolue.
La Fédération Addiction appelle le gouvernement à retirer cet amendement et, à défaut, les parlementaires à s’y opposer. Il est temps d’engager, de manière transparente, un débat public sur la régulation des jeux d’argent, dont les casinos en ligne, en prenant en compte les conséquences sociales et sanitaires et en dotant les politiques de prévention et de réduction des risques des moyens nécessaires pour éviter que l'addiction ne devienne une fatalité pour des milliers d'individus et de familles.
Contact presse
Benjamin Tubiana-Rey
Responsable plaidoyer et communication
[email protected] • 06.15.62.81.08
À propos de la Fédération Addiction
La Fédération Addiction est le principal réseau en France dédié aux questions liées aux drogues et aux addictions : elle regroupe 850 établissements et services de santé ainsi que plus de 500 professionnels de la prévention, du soin, de l’accompagnement et de la réduction des risques. La Fédération Addiction s’intéresse à toutes les addictions et toutes les drogues, légales ou illégales. Elle défend des politiques qui mettent l’accent sur la santé publique et les besoins des usagers, tout en plaidant pour une approche holistique qui reconnaît l'importance de la prévention et du traitement.
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