En plus de son attrait visuel, le jeu de la roulette est un défi captivant, où la chance et la stratégie se rencontrent. Sa présence est quasi incontournable dans tous les casinos, des établissements les plus luxueux aux salles de jeux plus modestes. Les joueurs peuvent choisir parmi plusieurs types de paris, allant des mises simples sur la couleur ou la parité aux paris plus compliqués sur des combinaisons de numéros.

La roulette est un jeu très proche du jeu de la boule, qui se joue avec un plateau cylindrique fixe, mais a été également expérimentée sous des formes différentes, incluant une version nommée petite roulette, qui se joue avec un plateau cylindrique fixe. Ce jeu captivant, qui a traversé les âges, nous replonge dans l'histoire du jeu, avec ses nombreuses variantes qui ont évolué au fil du temps.

Alors que le jeu comportait jusqu'alors trente-huit numéros, incluant un zéro rouge et un double zéro noir, les frères François et Louis Blanc améliorent le jeu en 1842 en retirant la case double zéro, ne conservant que le zéro simple. Cette modification semble favorise les joueurs, engendrant un succès immédiat pour les frères Blanc dans un contexte où la roulette était illégale depuis 1836, ne pouvant être jouée que dans des établissements clandestins à Paris. Les frères Blanc, s'établissant à Bad Hombourg, réussissent à attirer des fortunes de toute l'Europe, un événement qui marqua aussi le célèbre écrivain Dostoïevski, dont la fortune, perdue à la roulette, a inspiré le roman Le Joueur.

C’est au milieu du XIX^e siècle, à Monte Carlo, que la roulette acquiert véritablement sa popularité. En effet, le prince Charles III de Monaco légalise les jeux d'argent dans sa principauté et demande aux frères Blanc d'ouvrir un casino en 1860, où le jeu de la roulette sera immanquablement présent.

Au cours du XIX^e siècle, des immigrants français introduisent le jeu aux États-Unis, où il devient rapidement populaire, notamment auprès des mineurs de l’Ouest. Les Américains ajoutent une nouvelle case, le double zéro, portant le total des numéros à 38, ce qui accroît l'avantage de la maison à 5,25 %. Ainsi voit-on naître la roulette américaine, tandis que certains casinotiers tentent même d'introduire une roulette à 31 numéros, offrant un avantage encore plus grand de 12,9 %. Ces changements ont conduit à une baisse de la popularité du jeu aux États-Unis. Suite à une période d'illégalité durant la prohibition (de 1919 à 1932), le Nevada rétablit la roulette en 1931, l'intégrant dans ses casinos de Las Vegas.

Aucune méthode, telle que la « martingale », ne peut garantir une victoire constante à la roulette sur le long terme. N'importe quelle combinaison de mises avec espérance de gain négative conduira inévitablement à une perte. Le calcul des espérances de gains ne prend pas en compte le zéro : par exemple, en misant sur un numéro plein, le joueur est payé 35 fois sa mise (ce qui inclut la mise initiale), alors qu'il y a 37 numéros. Par conséquent, un joueur misant sur une pièce sur les 37 numéros perdra en moyenne une pièce à chaque tour.

Sur certaines tables de casino en ligne, il est possible de trouver des roulettes sans zéro qui équilibrent les chances du joueur face au casino, mais en échange, l'établissement déduit 10 % des gains.

Le cylindre de roulette, de forme circulaire, présente un diamètre standard d'environ 80 cm, et se compose de plusieurs éléments:

• Le tambour (partie rotative du cylindre);
• Le manchon (partie supérieure du tambour, utilisée par le croupier pour faire tourner le cylindre);
• Le repose-bille (sommet du cylindre où la bille est placée lorsque le jeu est inactif);
• La numérotation (cases noires, rouges ou vertes numérotées de 0 ou 00 à 36, disposées selon un schéma de répartition équilibré);
• Les cases (zones où se fige la bille);
• La cuvette (partie qui supporte le tambour, fixant l'axe);
• L'axe (élément facilitant la rotation du tambour, souvent monté sur roulements à billes);
• La piste (section en bois du cylindre, où la bille rotative évolue);
• Les déflecteurs (obstacles pour la bille lors de sa course, souvent en forme de losange);
• Le cadre (élément entourant le cylindre);
• La rampe (partie intégrale du cadre, empêchant la bille de sortir de la piste).

Le cylindre alterne systématiquement entre les cases rouges et noires, tout en minimisant la proximité des numéros pairs et impairs, ainsi que des groupes de numéros de faible et élevé. La disposition des numéros sur le cylindre est le fruit de calculs minutieux, visant à aboutir à une répartition équilibrée; en séparant le cylindre au niveau du zéro, il y a presque un nombre égal de numéros pairs et impairs de chaque côté, ainsi qu'une balance similaire concernant chaque douzaine et chaque colonne.

Chaque couleur de numéro est déterminée par une règle spécifique: « Ceux dont la somme des chiffres est paire sont noirs, ceux dont la somme est impaire sont rouges. » Par exemple, le 20 est noir car la somme de 2 et de 0 est paire, tandis que le 19 est rouge, accumulant 1 et 9 (réitérer l'opération révèle une somme impaire). Étonnamment, des exceptions existent pour les numéros 10 et 29, qui, bien qu'en théorie rouges, sont classés comme noirs, permettant ainsi d'équilibrer les gains à 18 numéros de chaque couleur.

Une bille, traditionnellement en ivoire mais aujourd'hui faite de résine ou de Téflon, est lancée par le croupier dans le sens inverse de la rotation du cylindre, s'immobilisant finalement sur l'un des numéros disponibles.

Sur la table de jeu, les différentes cases correspondent chacune à un type de mise. Il existe des différences notables entre les roulettes :

• La roulette française, par exemple, se caractérise par ses 37 numéros, allant de 0 à 36, disposés sur un cylindre dont les cases alternent entre rouge et noir, la case 0 étant verte. Le tapis de jeu est plus large, les cases réservées aux numéros 34, 35 et 36 n'ayant pas de cases adjacentes. Les mises en colonnes se trouvent en bas à droite et à gauche du tapis. La disposition des chiffres sur la roue suit un ordre précis, et dans certains casinos, la règle de la « partage » est appliquée, permettant aux joueurs de récupérer la moitié de leur mise si le zéro sort.

• La roulette anglaise, quant à elle, appelée également roulette européenne, est la version la plus populaire. Elle est identique à la roulette française en termes de disposition des numéros, mais le tapis est plus compact, et les cases réservées aux mises en colonnes sont situées sous les numéros 34, 35 et 36. La règle de la « partage » n'est généralement pas appliquée, ce qui engage un léger avantage pour le casino.
• La roulette américaine est reconnaissable par l'ajout du double zéro, portant le nombre total de numéros à 38. Cette case supplémentaire, de couleur verte, se situe à l'opposé du 0 sur le cylindre et accroît considérablement l'avantage du casino. Le tapis de jeu ressemble à celui de la roulette européenne, avec des cases pour les mises en colonnes sous les numéros 34, 35 et 36. Cette variante est moins prisée des joueurs expérimentés, même si elle est commune dans les établissements nord-américains.

• « Faites vos jeux » : début des mises ;
• « Les jeux sont faits » : lancement de la bille ;
• « Rien ne va plus » : fin des mises, le numéro gagnant approchant ;
• « 14 rouge pair et manque » (illustration d'un numéro gagnant) : annonce du numéro gagnant ;
• « Rien au numéro » : si aucun joueur ne gagne sur ce coup ;
• « Rien ne va » : si la bille sort accidentellement du cylindre avant de s'immobiliser sur un numéro.

Comme dans tous les jeux de casino, le croupier est responsable de l'intégrité du jeu, s'assurant que les mises enregistrées sont correctement payées et qu'aucune tricherie ne se produit.

Les jetons sont des plaques qui représentent une valeur d'argent, que les joueurs se procurent à la caisse du casino. Ils les placent sur les cases du tapis de jeu pour faire des mises sur des numéros spécifiques. En cas de victoire, le croupier remet les gains sous forme de jetons et plaques.

Une couleur de jetons est assignée à chaque joueur pour distinguer leurs mises respectives. Dès que le croupier annonce « Faites vos jeux », tous les joueurs autour de la table peuvent engager leurs mises.

Les casinos fixent des limites de mises maximales et minimales. De plus, des règlements spécifiques s'appliquent dans les casinos français; par exemple, il est interdit de miser plus de 1 000 fois la mise minimale sur une chance simple.

Les joueurs ont la possibilité de placer leurs mises de différentes manières :

• Chances simples :
  • Manques et passes : sur les numéros de 1 à 18 ou de 19 à 36 ;
  • Pairs et impaires ;
  • Rouges et noirs.
• Chances multiples :
  • Numéro plein : mise sur un seul numéro ;
  • Cheval : mise entre deux numéros adjacents ;
  • Transversale pleine : mise entre trois numéros de la même ligne, les jetons étant placés à l'extrémité de la ligne ;
  • Carré : mise entre quatre numéros adjacents ;
  • Transversale du zéro : mise sur les numéros 0, 1 et 2 ou 0, 2 et 3 ;
  • Quatre premiers : mise entre les numéros de 0 à 3, en plaçant les jetons à l'extrémité de la ligne séparant le zéro des chiffres ;
  • Sixain : mise entre six numéros ;
  • Colonne : mise en bas d'une des trois colonnes ;
  • Double colonne : mise à l'intersection de deux colonnes ;
  • Douzaine : mise sur l'une des trois douzaines (1 à 12, 13 à 24 ou 25 à 36) ;
  • Double douzaine : mise à l'intersection de deux douzaines.

Il existe également des mises spéciales, permettant de parier sur des numéros adjacents dans le cylindre de jeu :

• Tiers du Cylindre : en plaçant des jetons (en plein ou à cheval) sur les numéros les plus éloignés du zéro ;
• Orphelins : en plaçant des jetons sur des numéros isolés de part et d'autre du cylindre ;
• Voisins du Zéro : en plaçant des jetons sur les numéros proches du zéro ;
• Jeu 0 : en plaçant des jetons sur les numéros adjacents au zéro dans le cylindre.

Le croupier lance la bille de la roulette dans le sens opposé de celui du cylindre, alors que le cylindre lui-même tourne dans le sens contraire à la précédente partie. Il plaque la bille contre la rigole qui entoure la roulette et la lâche. Pour que le jeu soit valide, la bille doit faire trois tours complets du cylindre.

Au moment où la bille atteint un des déflecteurs en laiton, perturbant son chemin avant de tomber, le croupier annonce : « Rien ne va plus ». Dès lors, et sauf indication contraire du croupier ou de son superviseur, aucune mise ne peut être placée sur le tapis. Lorsque la bille se fige dans l'une des cases, le croupier annonce le numéro gagnant ainsi que les gains associés.

Le croupier place un poids, appelé dolly, sur le numéro gagnant et procède aux paiements des mises gagnantes. Les gains « plein », « cheval », « transversale », « carré » et « sixain » sont annoncés et les jetons sont remis directement aux joueurs, tandis que pour les gains sur colonnes, douzaines et chances simples, les paiements sont appliqués à côté des jetons joués.

Une fois les paiements réalisés, le croupier retire le dolly du numéro et annonce à haute voix « Faites vos jeux ». À ce moment-là, les mises gagnantes placées sur le tapis peuvent être récupérées par les joueurs.

Le déroulement décrit ici est celui appliqué à la roulette anglaise. Il reste similaire à la roulette française, bien qu'il n'y ait pas de dolly et qu'un des croupiers indique le numéro gagnant en désignant la case sur le tableau avec un râteau.

Le paiement des gains à la roulette anglaise (ou européenne) suit un schéma précis :

Le zéro entraîne la perte des mises engagées sur les chances multiples (c'est-à-dire sur toutes les mises de numéros, du plein à la douzaine). Les mises effectuées sur les chances simples :

• à la roulette anglaise perdent la moitié de leur valeur (la banque conserve la moitié) ;
• à la roulette française sont « emprisonnées » et la prochaine rotation détermine si le joueur reprend sa mise (en fonction de la chance simple tirée), sans paiement, ou si elle est perdue. Si un nouveau 0 sort, il faut obtenir deux tirages consécutifs de la chance simple concernée pour que le joueur puisse récupérer sa mise, et ainsi de suite ;
• à la roulette américaine sont perdues, y compris pour le double zéro (00).

Si la bille tombe dans le cylindre entre le moment où le croupier la prend et son lancement dans la rigole, le croupier annonce à haute voix « rien ne va ». Il replace la bille dans la case correspondant au numéro précédemment sorti, sans stopper la rotation du cylindre. Il recommence alors la procédure d'engagement : reprendre la bille et changer la rotation du cylindre. Une fois la bille en mouvement, le croupier annonce : « tout va ».

Si un joueur trop éloigné d'une case lance son jeton, mais que celui-ci n'atteint pas la destination visée, le croupier demande au joueur d'indiquer sa mise. Le croupier déplace alors le jeton en conséquence, en annonçant clairement qu'il a procédé à son placement.

Si le croupier ou son superviseur souhaite vérifier une mise durant le temps des mises, il peut dire à haute voix : « Je vérifie la mise du… ». Il retire alors la mise et la place devant lui pour comptabiliser le nombre de jetons, avant de rétablir la mise. Si des jetons sont en excès, ils sont rendus au joueur.

Pour vérifier le montant des jetons pour un paiement, le croupier annonce « Je retire les mises du… pour comptage ». Il retire le poids, prend le tas de jetons et les place devant lui. Il comptabilise ostensiblement le montant et remet les jetons sur la case, permettant aux joueurs de vérifier le compte a posteriori, avant de replacer le poids sur le tas. Après cela, il procède au paiement.

Si un joueur souhaite échanger ses jetons pendant que la bille tourne, le croupier indique « Change après le jeu ». Une fois le paiement terminé, le croupier s'occupera du changement.

En cas de même numéro sortant deux fois de suite, après avoir annoncé le numéro gagnant, le croupier souligne à haute voix : « Répétition du numéro ».

Le croupier n'est pas autorisé à prendre les jetons directement des mains des joueurs. Celui-ci doit d'abord déposer son jeton sur le tapis pour que le croupier puisse le collecter.

Le croupier doit, avant et après le lancement de la bille ou dès qu'il touche un jeton (pour paiement, placement ou échange), montrer aux participants qu'il n'a rien dans les mains.

À la roulette anglaise, dans certains casinos, il est précisé que les annonces sont interdites. Cela signifie que le joueur ne peut pas demander au croupier d'effectuer un placement complet obéissant à une annonce